Désabusé ?

Merveilleuses et merveilleux

La bêtise et la folie sont souvent teintées de méchanceté. Parfois, tout cela me désabuse. Cependant, être déconcerté est aussi une forme d’expression de la bêtise. Suivent généralement la colère puis la peur. Être déçu, se mettre en colère et avoir peur, tout cela constitue un processus très connu du fonctionnement humain, expliqué dans plusieurs ‘traditions’.

Dans l’iconographique tibétaine cela est symbolisé dans ce qui est appelé « la roue de la vie » (en sanskrit : भवचक्र, bhavachakra) au centre (moyeu) de celle-ci, au premier cercle autour duquel tournent les autres, et où sont représentés un porc, un coq et un serpent figurant respectivement l’ignorance, l’attachement (ou désir) et l’aversion (ou colère).

Dans l’iconographie occidentale, on use du serpent qui se mord la queue. L’ignorance produit la peur ; l’attachement ou le désir rend désabusé ou déconcerté ; l’aversion ou la colère nous fait exprimer de la folie (Ira furor brevis est : La colère est une courte folie). Épicure (vers 342 – v. 270) évoque le mépris, l’envie et la haine : « Les malheurs des hommes viennent de la haine, de l’envie ou du mépris.

Le sage trouve dans sa raison le moyen d’éviter ces travers. » D’autres proposent comme remède la douceur. D’après Aristippe de Cyrène (v. 435 – v. 356), « le but de la vie est un mouvement doux accompagné de sensation ». Selon certains sceptiques ce serait aussi la douceur, ou bien la tranquillité d’esprit. On peut ajouter cette dernière comme troisième anti-poison, ou le calme, la décontraction, la détente, la souplesse d’âme !

En conclusion, il faut que je sois plus raisonnable, doux et souple !

Voir les commentaires

Au temps des merveilleuses

Au temps des merveilleuses : La société parisienne sous le Directoire et le Consulat est le titre d’une exposition qui a eu lieu au musée Carnavalet à Paris, en 2005 et que j’ai vue. Celle-ci couvrait la période du Directoire au Consulat qui vit la société changer profondément, et cela à tous les niveaux. Cette exposition présentait ce mouvement nouveau vu depuis ses élites parisiennes, avec une partie importante consacrée à ses principales égéries, les merveilleuses Madame Tallien, Juliette Récamier, Madame Hamelin, la future impératrice Joséphine… Le catalogue de cette exposition, publié la même année, est un des rares ouvrages du XXe siècle divulguant d’importants documents sur le thème des merveilleuses et des incroyables, avec celui cité dans cet article. Pour le reste, la bibliographie sur ce sujet est très succincte, et je ne connais que mes ouvrages sur l’histoire des petits-maîtres en général.

Photographies de la première de couverture et de pages du catalogue de l’exposition intitulée Au temps des merveilleuses : La société parisienne sous le Directoire et le Consulat, Paris, Éditions Paris-Musées, 2005. Cliquer sur certaines images pour avoir un agrandissement.

Au Temps des merveilleuses
Au Temps des merveilleuses
Au Temps des merveilleuses
Au Temps des merveilleuses

Voir les commentaires

Changements climatiques et changements de mode

Merveilleuses et merveilleux

Dans plusieurs articles de mon blog, comme ici, j’évoque le changement du costume en Occident, avec le passage du drapé généralisé au taillé généralisé. Nous savons que durant l’Antiquité, les habits taillés et cousus, comme la braie, étaient surtout en usage dans les pays celtiques dont les Gaules, c’est-à-dire dans le nord de l’Europe. La raison est certainement due au froid qui y régnait et nécessitait des habits chauds et pratiques.

Jusqu’au XIIIe inclus, le drapé est resté la référence vestimentaire, avec les tuniques et les manteaux d’une seule pièce. Pourquoi cela a-t-il changé ensuite? Comme je l’ai appris dans cet article, la raison est sans doute que « les températures mondiales ont baissé au cours du Moyen-Âge, dès le début des années 1300. Le véritable réchauffement ne sera observé qu’au milieu du XIXème siècle. » Ce changement climatique, avec ce que l’on appelle « le petit âge glacière », fut très probablement à l’origine de la généralisation de l’habit taillé en Occident, dont le succès tenait aussi à son aspect ‘pratique’, les voyages se multipliant ainsi que le commerce : découverte des Amériques, Compagnies des Indes, techniques de transport de plus en plus ‘évoluées’…

De tout temps la mode a évolué en fonction des environnements : évolution de la société, du climat, de la nature, des pratiques, de l'histoire, etc.

Voir les commentaires

Herboristes à Paris

Ci-dessus : Herboristerie d’Hippocrate, du 42 rue saint-André des Arts dans le VIe arrondissement de Paris.

Comme ceux qui se sont procurés mon livre Écologie du sentiment le savent, je ‘botanise’ beaucoup, cueillant des plantes sauvages pour me nourrir et pour leurs propriétés médicinales et de bien être. Connaître les plantes spontanées est un atout dans la vie, surtout à notre époque où certaines mafias tentent d’imposer une médecine unique dans le monde, ce qui est véritablement une maladie !

« En France, la vente des plantes médicinales (inscrites à la pharmacopée), est réservée aux pharmaciens, à l’exception de 148 espèces libérées et d’une centaine d’aromates et épices. ». Voir la liste ici. Sans doute peut-on en acheter dans des pays étrangers par l’intermédiaire d’internet, mais à Paris, où j’habite, il n’est pas très compliqué de se fournir en de nombreuses espèces de France et de Chine. Pour les autres contrées, comme l’Afrique ou les Amériques, je n’ai pas cherché, même si en passant j’ai repéré quelques vendeurs de plantes sud-américaines.

Je me suis donc intéressé aux herboristeries parisiennes vendant des plantes françaises, mais pas seulement, car on apprend beaucoup dans les autres traditions utilisant la phytothérapie sur les manières d’aborder les plantes et même sur des propriétés parfois oubliées par les phytothérapeutes français de végétaux pourtant présents à nos pieds. Par exemple, c’est le cas pour certains champignons. De plus, les phytothérapies chinoises et indiennes (ayurvédiques) notamment conservent des manières anciennes d’aborder les plantes, comme on le faisait en Occident, par exemple en suivant la théorie des humeurs…

L’herboristerie, que je fréquente le plus et que j’apprécie beaucoup, est l’HERBORISTERIE D’HIPPOCRATE au 42 rue saint-André des Arts dans le VIe arrondissement de Paris, près de la fontaine Saint-Michel, qui possède aussi l’HERBORISTERIE DE LA PLACE DE CLICHY au 87 Rue d’Amsterdam dans le VIIIe. D’après ce site, cette dernière « ouverte en 1880 » serait « l’une des plus anciennes d’Europe ». Ces officines n’ont pas de site internet.

Une autre, qui possède un choix tout aussi important, est l’HERBORISTERIE DU PALAIS-ROYAL, au 11 rue des Petits-Champs dans le 1er arrondissement, près de l’ancienne bibliothèque nationale. Je n’ai pas essayé L’Herboristerie de Paris (fondée en 1920) et ses deux officines : l’HERBORISTERIE PIGAULT-AUBLANC, au 30 rue Pasquier dans le VIIIe, et l’HERBORISTERIE DU MONTPARNASSE, au 38 rue du Montparnasse dans le VIe. On compte d’autres herboristeries parisiennes que je n’ai pas obligatoirement essayées, comme l’HERBORISTERIE LILA SOBANSKI, au 71 avenue Paul-Doumer, dans le XVIe, ORMÉNIS, au 345 rue des Pyrénées dans le XXe, l’HERBÉUS, au 58, rue du Temple dans le IVe, PLANTES & TER’HAPPY, au 32 Rue Traversière, dans le XIIe, SENTEURS DE PROVENCE, au 282, Rue des Pyrénées, dans le XXe,

Concernant les herboristeries asiatiques, je connais À LA CALEBASSE VERTE, au 15 Rue de la Vistule dans le XIIIe. À côté une autre herboristerie a son enseigne en chinois, avec marqué DIÉTÉTIQUE ET FORME. Elle peut être complémentaire à la première. Plus près de mon domicile, dans un triangle, formé par la rue Civiale et le boulevard de la Villette, j’ai repéré trois herboristeries chinoises. La meilleure me semble être DIETÉTIQUE JIANG NAN, au 7 rue Civiale dans le Xe arrondissement. J’y ai acheté un magnifique et gros ganoderme luisant (appelé ling zhi en chinois et reishi en japonais) cueilli dans une montagne de Chine. Ce champignon est aujourd’hui rare en France… enfin je n’en ai jamais trouvé lors de mes promenades. Un peu plus loin, au 17 rue Civiale à Belleville se trouve KANG LONG. Sinon, il y a YI KANG au 21 boulevard de Belleville.

Pour ce qui est de l’herboristerie ayurvédique, je n’ai repéré sur internet que THULASI, au 58 passage Brady, dans le Xe, mais ne l’ai pas encore essayée. J’ai cherché dans le quartier indien de la gare du Nord, mais n’ai rien trouvé. On doit pouvoir en découvrir, comme pour les autres régions du monde, car à Paris on trouve vraiment de tout !

Pour conclure cet article, je dois ajouter que j’apprécie beaucoup la médecine tibétaine qui, comme toutes les médecines asiatiques, travaille en particulier sur le mouvement, les massages, les méridiens et les plantes. Elle prescrit notamment des pilules faites en majorité de plantes mais aussi d'autres éléments comme des minéraux, et qui se prennent sur plusieurs mois... parfois des années ! Plutôt que de guérir des symptômes, toutes ces pratiques visent davantage à rétablir l'harmonie des corps nous constituant, comme les corps physiques et psychiques, en soignant, comme me le disait une Tibétaine, la cause première dont la maladie qui nous fait réagir n’est que la dernière pièce d’un jeu de dominos.

Ci-dessous : Herboristerie de la place de Clichy du 87 Rue d’Amsterdam dans le VIIIe arrondissement de Paris.

Ci-dessous : Herboristerie du Palais-Royal du 11 rue des Petits-Champs dans le 1er arrondissement de Paris.

Ci-dessous : Herboristerie du Montparnasse du 38 rue du Montparnasse dans le VIe arrondissement de Paris.

Ci-dessous : Herboristerie À la calebasse verte, au 15 Rue de la Vistule dans le XIIIe arrondissement de Paris.

Ci-dessous : Dietétique Jiang Nan, au 7 rue Civiale dans le Xe arrondissement de Paris.

Voir les commentaires

Les vêtements et les modes durant la préhistoire

Cet article n’est pas un canular. Bien sûr, nous savons que les hommes préhistoriques vivant dans des zones froides, voire très froides, se vêtaient. Comment survivre autrement ? Mais on les imagine couverts de peaux de bêtes, sales et certainement pas suivant des modes.

L’HOMME PRÉHISTORIQUE ÉTAIT PROPRE. Dans l’article intitulé Toilettes sèches et malpropretés contemporaines, je montre que rester propre est un souci pour tous les mammifères et sans doute les animaux en général, même si  la propreté est nécessairement différente selon les espèces qui ont chacune leurs besoins hygiéniques qui peuvent être très différents. J’y écris aussi que dans la nature l’être humain peut y trouver tout le nécessaire pour rester propre.

CERTAINS HOMMES PRÉHISTORIQUES S’HABILLAIENT DE VÊTEMENTS TISSÉS ET COUSUS. Le vêtement est par essence fragile, se conservant difficilement dans le temps. Il ne nous reste que très peu d'exemples de temps reculés, même du Moyen-Âge. Pourtant, dans un article de la revue La Recherche, de juillet / septembre 2022 et intitulé « L’habillement, une affaire de plus en plus ancienne » (cliquer sur l’image ci-dessous pour le lire), les préhistoriens Lysianna Ledoux et Jacques Jaubert y évoquent l’habillement et même les modes préhistoriques, écrivant qu’il est « fort probable que les modes vestimentaires devaient faire partie des préoccupations sinon quotidiennes, au moins générationnelles, de nos ancêtres. » L’utilisation de vêtements est avérée depuis plusieurs dizaines de milliers d’années. « C’est ainsi qu’il y a environ 30 000 ans, des empreintes de textile se sont imprimées sur des fragments d’argile cuite retrouvés en République tchèque. » « Les premières empreintes de pieds chaussés […] retrouvées […] en Grèce […]  remonteraient à 135 000 ans. » L’aiguille à chas est une autre preuve de la fabrication de vêtements, outil « attesté de manière certaine, pour la première fois en Europe, il y a 24 000 ans. » L’article conclut : « L’ensemble de ces témoignages nous convainc ainsi d’un fait essentiel : la fabrication de vêtements est une pratique ancienne, probablement partagée par différentes espèces humaines, qui n’a cessé d’évoluer. S’affranchissant de sa seule fonction protectrice initiale, le vêtement est devenu, au fil du temps, révélateur de bien des aspects culturels, chronologiques et sociaux propres à chaque population humaine, groupe social et culture. »

DES MODES VESTIMENTAIRES EXISTAIENT SANS DOUTE DÉJÀ. On peut l’affirmer si on se réfère à l’origine du mot « costume » qui est « coutume ». On ne peut imaginer l’utilisation de vêtements sans des façons particulières de se vêtir, de prendre soin de ses cheveux, de se chausser, de se parer, de faire sa toilette… selon divers facteurs : des coutumes particulières, et même des évolutions et des créations ainsi que des imitations dans ce domaine, trois notions qui font la mode.

Merveilleuses et merveilleux

Voir les commentaires

Drôles de pistolets XXIII : Nos petits crevés par H. Meyer

Merveilleuses et merveilleux

Cette lithographie de Henri Meyer (1841 ou 1844? – 1899) provient du journal Diogène, du 12 octobre 1867 et de la série « Nos petits crevés. – Par H. Meyer. ». De jeunes femmes à la mode alors, appelées « crevettes », observent un crevé : « Sont-ils bêtes ces hommes, ils avaient une si belle occasion de prendre nos crinolines au moment où nous les lâchons. »

La mode des petits crevés était alors aux pantalons serrés. Il était courant de se moquer des allures frêles de ces petits-maîtres. On ne leur trouvait aucun tempérament mâle. Pourtant, durant la guerre de 1870-71, beaucoup se comportèrent avec courage, voire héroïsme, et on arrêta de les appeler ainsi. Les gommeux succédèrent aux petits crevés.

Quant aux crevettes, si elles abandonnèrent les larges crinolines, leurs tenues restèrent impressionnantes, avec leurs chapeaux plats à très longs rubans que l’on retrouvaient sur certaines robes, remplacés parfois par des chaînes, leurs cravates nouées souvent en un immense nœud, leurs robes en triangle, parfois en forme de sac, laissant voir leurs mollets, ce qui était très audacieux à l’époque, leurs bottines à talon haut et pointu…

Il est possible que l’on ait donné à ces petites dames le nom de « crevettes » en référence à leur allure. Leurs compagnons par conséquent ont été appelés « crevés », ce qui leur allait bien du fait de leur silhouette grêle. L'origine de ces dénominations reste énigmatique, peut-être la plus mystérieuse de l'histoire des petits-maîtres.

Merveilleuses et merveilleux

Voir les commentaires

Toilettes sèches et malpropretés contemporaines

Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessus : Doubles pages de mon livre Les Petits-maîtres du style, de l’Antiquité au XIe siècle, auto-édition de 2017, avec des illustrations de toilettes de dames grecques de l'Antiquité. Cliquer sur les images pour un agrandissement.

Dernièrement je me posais la question de savoir comment les hommes préhistoriques se lavaient. La baignoire n’était pas encore inventée, il me semble, et encore moins l’eau courante. Pourtant ils devaient être eux aussi confrontés à des questions d’hygiène. D’une manière générale, quand on est au milieu des éléments (la terre, l’air…), de la vie, la question de l’hygiène est une des préoccupations majeures après celles de boire, de se protéger du froid et de manger. La plupart des mammifères se lavent, par exemple avec la langue, prennent des bains de boue, s’associent à d’autres animaux qui les débarrassent de leurs parasites, etc.

Peut-être les hommes préhistoriques utilisaient-ils déjà des plantes contenant de la saponine, comme la saponaire (personnellement je me lave le visage uniquement avec cette plante et parfois les cheveux), le lierre grimpant, et d’autres produits comme les œufs, la cendre (on réaliserait un savon avec de la cendre blanche de bois et de la résine de résineux, la cendre étant encore utilisée dans les campagnes françaises pour laver le linge il y a de cela plus d’un siècle), la terre (comme chez les animaux, et il nous en reste les soins de beauté à l’argile), la poudre de racine d'angelique (pour se laver les cheveux à sec, même usage avec la farine), des minéraux comme le talc et sans doute d’autres substances oubliées pour une toilette 'mouillée' ou sèche.

Si depuis l’Antiquité on use beaucoup des bains, et les thermes en sont un témoignage, comme ceux romains gigantesques construits à Paris dont sont conservés encore des vestiges, autrefois on faisait aussi usage de la toilette sèche aujourd’hui presque totalement négligée. Sous l’Antiquité, autour de la Méditerranée particulièrement, l’huile parfumée le permettait. On se massait avec, puis l’enlevait avec un grattoir. On faisait cela notamment avec de l’huile d’olive, après avoir fait des exercices physiques. De même les cheveux étaient enduits d’huiles parfumées. En France, dans l’Ancien régime, et particulièrement aux XVIIe et XVIIIe siècles, on utilisait aussi pour se laver des vinaigres parfumés pour le corps, et des poudres elles aussi parfumées pour les cheveux. On faisait beaucoup usage du linge de corps que l’on changeait souvent, et qui absorbait en quelque sorte la sueur et la saleté. On se frictionnait la peau avec du linge propre, que l’on parfumait parfois avec une lotion. Citons aussi le talc, les divers laits de toilette et de soins, et autres onguents.

Merveilleuses et merveilleux

On appelle « toilette sèche » toute toilette dans laquelle l’eau n’est pas utilisée, mais des huiles, parfums, vinaigres, talcs, argiles, laits… ainsi que certains ustensiles comme le grattoir et le linge de toilette.

Si de nos jours la toilette sèche n’est plus d’actualité, c’est en particulier que notre monde est beaucoup plus sale, mais d’une saleté plus diffuse, plus profonde et portée par diverses pollutions qui atteignent tous les Éléments. Si on a fait de grandes avancées hygiéniques, comme l’eau courante (la chaude particulièrement), on a aussi beaucoup reculé en ‘inventant’ de nouvelles formes de saletés (nanoparticules, gaz et autres poussières produites par la vie moderne, nourriture frelatée et polluée, pesticides et autres produits chimiques dangereux, etc.).

Merveilleuses et merveilleux

L’aseptisation de notre environnement est une nouvelle forme de saleté, et on a perdu toute mesure dans ce domaine. Durant l’épisode de la crise orchestrée autour du covid, j’ai été très surpris de voir que les épiceries bios, leur personnel et la majeure partie de leur clientèle étaient très virulents dans l’obligation du port du masque, le lavage des mains avec une lotion antiseptique, etc. Pourtant le bio est censé revenir à des pratiques plus naturelles et saines, abandonner les pesticides et autres procédés qui aseptisent la terre et tue le vivant !?!! Et j’ai rencontré cela chez les grandes enseignes bios comme chez les épiceries indépendantes.

Merveilleuses et merveilleux

Actuellement, la conception de l’hygiène est loufoque et même dictatoriale… sans mesure et respect des particularités individuelles et de la diversité qui fait la vie. On aseptise, javellise, bétonne, ‘bitumise’, rend ‘électrogaga’ la population. Il semble y avoir dans l’être humain une facilité à glisser vers une sorte de fascisme de la voie unique et faussement universelle. Le vivant ou naturel qui n’est pas humain ou domestiqué est souvent le premier suspecté quand un problème surgit. Pourtant l’être humain contemporain est un véritable fléau pour la nature et lui-même, avec ses multiples pollutions dont certaines déjà évoquées. Et puis il y a la saleté intellectuelle, morale et spirituelle (de l’esprit) où là aussi notre monde contemporain est exemplaire, et que la crise orchestrée autour du covid a révélé de manière lumineuse.

Il est indispensable que nous redevenions propres !

Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux
 
Merveilleuses et merveilleux

Voir les commentaires

De la beauté

Lorsqu’un artiste peint un tableau, il réalise un reflet qui lui-même se reflète dans celui qui le contemple, quelque peu différemment suivant chacun, selon le sens esthétique d’aucuns et les clés qui leur sont données. Le mot « reflet » n’est pas juste, car il y a quelque chose de dépréciatif en lui. En même temps le reflet personnel implique du jugement, un jugement avec peu d’incidence s’il ne devient pas opinion. Il en est de même pour le beau. Évitons l’opinion. Mais peut-on esquiver le jugement, qui est tout entier le reflet de ce que l’on est ? De plus les opinions et les jugements (reflets) extérieurs, ont une incidence sur notre propre reflet, sans compter des choses plus tangibles, comme les conditions. Le beau ne déroge pas à cette règle.

La mode est aussi un reflet, et ses petits-maîtres aussi, avec leurs denses, nouveaux et jolis rythmes : couleurs, inventions, manières, langages… une sorte de jeu. Certains diront que cela n’a pas de profondeur. En effet, pas davantage qu’une couleur, qu’une danse, qu’un baiser… qu’une jouissance qui n’aurait pas de contrepartie, de seconde face… cachée… mais qui serait entier, tout, complet. Un reflet n’est que et entièrement ce qu’il est, tout en pouvant être différent à l’infini.

Dans le domaine du beau, je pense comme Antisthène (vers 444-365 – 390 av. J.-C.) qui écrit que « Ce qui est bien est beau ; ce qui est mal est laid. » Épicure (vers 342 – 270 av. J.-C.) compare l’être humain à un vase, dont la qualité n’est pas tant dans son apparence que dans sa capacité à retenir ce que l’on y verse de bon et de beau, et à ne pas le souiller, comme on l’apprend au livre VI du De la Nature des Choses (traduction disponible sur le site de Remacle) de Lucrèce (Ier siècle av. J.-C.). Voici ce passage : « […] il [Épicure] comprit que tout le mal venait du vase lui-même, dont les défauts laissaient perdre en dedans tout ce qui y était versé du dehors et même le plus précieux, soit que le vase perméable et sans fond ne lui parût pas capable de se remplir, soit qu’il fût imprégné d’une infecte saveur, poison pour tout ce qu’on y versait. » Cela fait la qualité d’un être humain… son intelligence, sa beauté… bien davantage que sa simple apparence. S’il est un joli vase corrompu, cette beauté est fausse. Le beau est ainsi vu comme un réceptacle qui retient et n’endommage pas ce que l’on y verse de bon. Le beau est une des formes que prend l’intelligence. Selon moi, la première qualité de l’intelligence n’est pas la capacité à raisonner, bien au contraire, mais à contenir et ne pas souiller le bon et le bien que l’on y verse. Ce principe est peut-être le premier de la discipline appelée « esthétique » qui, jusqu’au XIXe siècle est considérée comme la science du beau, du grec ancien αἰσθητικός (aisthêtikós), ce qui signifie « qui perçoit par les sens, perceptible »). C’est un pyrrhonien qui l’aurait employé pour la première fois : l’Allemand Louis de Beausobre (nom prédestiné, 1730 – 1783) dans son ouvrage publié en 1753 et intitulé Dissertations philosophiques

Certains voient la beauté dans l’utilité. Une chose est belle parce qu’elle est utile, parce qu’elle apporte ce que l’on considère comme beau pour soi-même et/ou pour les autres. Finalement, la beauté est dans le regard que l’on porte sur les choses et les êtres. Elle reste relative et sujette aux affinités personnelles, de groupes, culturelles… aux coutumes.

Ci-dessous : Toilette des Dames ou Encyclopédie de la Beauté

Merveilleuses et merveilleux

Voir les commentaires

La Nana et la nénette des années 1970

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessus : Dessin intitulé « La Conscience de Nana », avec pour légende : « – Cependant tu m’avais bien promis de t’y trouver ; tu m’en avais donné ta parole d’honneur ! – J’avais pas dit….. la plus sacrée. »

Cela m'attriste toujours de voir certains considérer les petites-maîtresses depuis la Révolution comme des sortes de prostituées ou des femmes faciles. Comme je le dis ailleurs, ce regard sur les merveilleuses, cocottes et autres lorettes vient que ce sont des femmes très libres, belles, jeunes et souvent affriolantes, et que les prostituées et autres les imitent pour attirer le chaland. Ce regard est sans amour et lui aussi concupiscent. Même lorsque Alexandre Dumas fils (1824 – 1895) publie La Dame aux camélias en 1848 et Demi-monde en 1855, et Émile Zola (1840 – 1902) Nana en 1880, ils évoquent le demi-monde avec une certaine tendresse et sans jugement. On retrouve cet esprit dans nombre de pièces, romans et autres œuvres (caricatures…) du XIXe siècle, où sont souvent soulignées les difficultés inhérentes à la condition humaine et à la condition sociale, et les efforts qui sont faits par certains pour y trouver leur bonheur. Ils dépeignent un monde souvent peu reluisant derrière les apparences de clinquant, mais avec de l’amour et de la sympathie pour leurs rêves de grandeur, de bonheur et de liberté… près pour cela malheureusement à des bassesses. Le demi-monde n’est pas celui des petites-maîtresses, bien que certaines en font partie, mais est fréquenté par quelques petits-maîtres et autres noceurs.

Le terme « nana » est employé dans la seconde moitié du XIXe siècle avec le sens argotique de concubine ou femme d’un souteneur , et prend rapidement celui de femme en général. Il est popularisé par l’héroïne du roman d’Émile Zola, Nana (1880), mais aussi par d’autres oeuvres comme la peinture d’Édouard Manet (1832 – 1883), réalisée en 1877, représentant une comédienne et intitulée du même nom. Dans la seconde partie du XXe siècle, ce terme porte une signification sympathique, toujours dans le sens de concubine (« c’est ma nana »), ou d’une jeune adulte pas encore sortie de l’enfance, ou bien encore d’une jeune fille se donnant des airs de femme. Dans « nénette » le suffixe « -ette » ajoute de l’affection et enlève le côté concubine.

Au début des années 1980, les nanas sont encore d’actualité, avec leurs habits fluos et mini-jupes, cheveux bouclés avec nœud dans les cheveux. Elles sont un peu plus vulgaires que les minettes, ayant moins de goût, mais avec davantage, ce que les Anglais appellent alors, de fun.

Ci-dessous : Chanson des années 1980 de Vivien Savage, intitulée La petite lady, décrivant une nana de l'époque : « […] la miss avec ses yeux d’renard / Derrière la voilette du chapeau avec une plume d’autruche / Pour faire plus beau […] elle est belle, / La p’tite lady déguisée comme un arc-en-ciel / Avec ses boots en peau d'serpent, / Ses collants roses fluorescents / Sa mini-jupe en skaï / Et comme ça swingue sous son chandail […] elle a comme un p’tit chat sauvage dans les yeux […] On dirait qu’le monde est à toi quand tu t’promènes / Sur ce quai d’gare, Cendrillon, tu marches comme une reine […] ». À noter un emprunt à la musique industrielle, surtout présent dans le dernier tiers de cette chanson, en fond 'musical'.

Voir les commentaires

La mode, l’obsolescence programmée et les mouvements de modes

Merveilleuses et merveilleux

Dernièrement je lisais un article du journal Kairos, se présentant lui-même avec humour comme « le journal belge mondial », de juin-août 2022, intitulé « L’obsolescence programmée ou l’Âge du kleenex » du dossier spécial sur la Décroissance (cliquer sur la photographie ci-dessous pour lire l’article). La mode y est incluse. Elle est sans doute la plus vieille manifestation de l’obsolescence programmée. Ce n’est pas celle-ci que j’apprécie, mais celle qui, acceptant que tout soit mouvement, que tout bouge, renouvelle constamment ses rythmes, du fait de cette réalité et non pas pour suivre l’industrie du prêt-à-porter. Elle est portée par la jeunesse, nouvelle, gaie, pétillante, belle, provocatrice, novatrice… Ce n’est pas à la mode elle-même que je m’intéresse mais aux mouvements de modes.

Je crois en la gaieté, l’invention, le vivre ensemble, la joie… une véritable « communion », mot qui peut sembler désuet… mais pourquoi suivre la mode, sinon aussi afin de marquer son amour du vivre ensemble ? Ce que je dis peut paraître contradictoire : invoquer d’un côté la distinction, l’originalité… et de l’autre la communion. Mais la contradiction est à l’essence même des mouvements de mode qui jouent en même temps sur la nouveauté (l’invention, l’originalité…) et l’imitation… les deux étant des points fondamentaux dans le domaine de l’art en général.

Je ne suis pas la mode, et mon blog en est la preuve, traitant avant tout des modes passées, ne concédant rien à la modernité pour la modernité… ne cherchant pas à plaire, ni à rendre d’actualité… mais montrant les mouvements de modes passés comme les documents d’époque nous les dévoilent.

Les mouvements de modes fournissent une poétique (l’étude des rythmes) simple. Ils sont aussi l’expression d’un savoir être ou plus exactement d’un savoir image. Dans un autre article j’aborderai l’importance de l’image (imago) dans la mode et la philosophie antique.

Il est très intéressant d'y déceler ce qui ne change pas. Évidemment seul le changement ne change pas, mais on distingue d’autres éléments récurrents dans les mouvements de mode et les petits-maîtres qui les font et les portent, comme l’inventio et l’imitatio dont je viens de parler, ou encore l’actio : la mise en mouvements de nouveaux rythmes liés à la musique, à la danse, au costume, au langage, à l’art, à la littérature, etc.

Dans l’expression « mouvements de modes », le terme de « modes » peut aussi bien être au féminin qu’au masculin. Mais ici les modes au masculin ne sont ni les ‘hautes’ (musique classique, sciences…), ni les ‘basses’ (vie courante…), mais entre les deux, même si tout interagit.

Les mouvements de modes et la plupart des petits-maîtres se distinguent de la mode. Les babas, les bcbg ou les existentialistes ne suivaient pas la mode du moment… et pourtant… Peut-on dire qu’un néo-dandy ou un honnête-homme du début du XXIe siècle suit la mode de son temps ? Bien au contraire… On peut même, et doit ajouter les décroissants dans les mouvements de modes, car ils proposent un autre mouvement de l’être humain et de la société… un mouvement en opposition avec la toute sainte croissance.

La plupart du temps les mouvements de modes se sont démarqués de la mode, bien que généralement copiés par elle. Ils ont souvent un caractère subversif ou merveilleux : invraisemblable, une distinction qui fait ressembler les petits-maîtres à des Martiens. Ils sont comme des ballons d’hélium multicolores surnageant au-dessus du commun tout en y étant tenus par un fil. Un rien pourrait les faire s’envoler comme des anges. Bien sûr, parmi eux il y a aussi des modeux, mais la contradiction, je le répète fait partie de la petite-maîtrise, pas une contradiction stupide, mais un clair-obscur, des tonalités diverses qui font sa richesse.

 

Voir les commentaires

Beaux pas beaux ?

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessus : Deux acteurs sur les planches d’un théâtre du XVIIIe siècle, l’un en haillons, et l’autre en habits de petite-maîtresse. Gravure sans doute tirée d’un livre de Restif de La Bretonne (1734 – 1806) du dernier tiers du XVIIIe siècle.

Pourquoi avoir une opinion ? Quel intérêt y-a-t-il à juger ? Cependant, envisager avec équanimité ne veut pas dire ne pas voir… au contraire voir tout très clairement ; enfin « tout » selon l’ouverture du champ de ‘vision’. Ainsi se fourvoie-t-on beaucoup moins.

Nous sommes dans un monde relatif ; mais entre les êtres humains nous avons aussi des choses communes. Les notions de « beau » et de « laid » sont en partie communes et en partie culturelles. Dans cet article (et un prochain sur ce thème de la beauté), il ne s’agit pas de juger de ce qui est beau ou laid, mais de donner quelques références culturelles françaises.

D’abord, ceux qui suivent mon blog et lisent mes ouvrages savent que depuis le Moyen-Âge jusqu’au XIXe siècle, on appelait « belles » et « beaux » de jolies jeunes personnes. Au XVIIIe siècle, les Anglais eux-mêmes nommaient « beaux » ceux qui donnèrent ensuite les fashionables puis les dandys. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la France était le pays le plus puissant en Europe, et ce sont généralement les pays les plus puissants qui sont les plus copiés. La conclusion napoléonienne et l’entrée des nations émigrées en France marqua la fin de son hégémonie, celle-ci passant définitivement en Angleterre. Ainsi les belles, les beaux et les macaronis (qui s'inspiraient le Continent), devinrent des fashionables puis des dandys… de même en France on a eu les fashionables et les dandys ! Au XXe siècle, ce sont les États-Unis qui prirent la relève, et la plupart des Français se mirent à progressivement mal s’habiller, à renoncer de force au sur-mesure, à parler grossièrement et à utiliser de plus en plus de mots anglo-saxons dans presque toutes les conversations.

Ci-dessous : Je suis né à Saint-Étienne dans la Loire et ai vécu toute mon enfance dans un village de ce département. Dans celui-ci, quelques vieux communiquaient encore en patois, et aujourd’hui les gens ne parlant que français utilisent toujours des mots que l’on ne trouve que dans cette commune et quelques-unes avoisinantes. À Saint-Étienne on parlait, et encore un peu aujourd’hui, « gaga ». La page ci-après est tirée du livre de Pierre Perrin Le Petit gaga illustré (Saint-Étienne : Actes graphiques, 7ème édition [quel succès !], 2010). En langage gaga, une « Farasse » est une « Femme habillée avec mauvais goût » (cliquer sur l'image pour un agrandissement), alors que « se poutringuer » consiste à  « Exagérer les soins de sa toilette. »

Gaga

Voir les commentaires

Les mouvements de modes à partir de 1900 jusqu'à aujourd'hui (I)

Un mode et une mode sont une manière, une façon, pour la première davantage une technique du faire, et pour la seconde une coutume ancienne ou nouvelle. Toutes deux mettent en action des rythmes que l’on imite ou invente. La mode est généralement considérée seulement sous son rapport au costume, à la manière de s’habiller, alors que sa définition est beaucoup plus grande et englobe tous les rythmes mis en branle : musique, danse, langage, costume, lieux, décoration, art, littérature, etc.

La mode est donc avant tout mouvement. Rien de bien original à dire cela, car tout bouge constamment ! Elle est aussi et avant tout une affaire de jeunes gens, d’adolescents et de jeunes adultes entrant en indépendance et prenant leurs marques dans la société, dans un élan neuf et novateur. Leur regard sur la société est plus vif que celle des adultes et sans a priori sur ce qu’elle propose. Il est aussi moins ‘paranoïaque’, plus audacieux et plus libre. Le jeune est dans la période de sa vie où il se libère et s’autonomise… ce qui n’est pas une mince affaire… Il a besoin d'une certaine légèreté. Les modes qu’il lance ou suit sont généralement en ‘opposition’ avec ce qui précède directement, tout en suivant un fil conducteur qui est celui du changement.

Certains ‘jeunes’, particulièrement créatifs ou/et audacieux n’hésitent pas à donner un coup de pied dans le panier de crabe et bouleverser les us et coutume, tout en s’auréolant du prestige et du succès de leur jeunesse, pleine de sève. C’est ainsi que tout au long des siècles de l’histoire occidentale, et sans doute d’autres peuples, on suit cette filiation depuis l’Antiquité. Ces jeunes prennent des noms et attitudes différents selon la génération à laquelle ils appartiennent. Citons le kallopistês et la kallopistria chez les Grecs de l’Antiquité, le trossulus et la trossula chez les Romains, la damoiselle et le damoiseau du Moyen-Âge, le mignon et la mignonne du XVIe siècle, la petite-maîtresse et le petit-maître du XVIIe, la merveilleuse et le merveilleux du XVIIIe, le gommeux et la gommeuse du XIXe…

Pour s’épanouir, ces mouvements ont besoin d’être dans une société riche, au sommet de sa gloire, et où les arts peuvent fleurir grâce à un mécénat important et de qualité, ainsi que ce fut le cas dans la Grèce et l’Empire romain de l’Antiquité, ou la France du Moyen-Âge à la Révolution… et encore un peu au XIXe siècle.

Dans la France du XXe siècle, les mouvements de modes furent de moins en moins imaginatifs et la plupart d’inspiration anglo-saxonne. Le prêt-à-porter et la fin des tailleurs, couturières et autres bottiers de quartier sonnèrent le glas de l’invention de rue, et les guerres de 1870, 1914-18 et 1939-45 affaiblirent énormément la France.

Pendant ce temps, les nouveaux rythmes d’Outre-Atlantique et surtout d’Outre-Manche conservaient de l’invention, de la fantaisie, de la fête, du merveilleux et du style. De 1950 à 1990, en Occident Londres était le lieu où les contrastes étaient les plus frappants et les créations de rue les plus merveilleuses, avec dans les années 1950 les teddy boys et les modernists (mods), dans les années 60 le swinging London, la pop psychédélique et les skinheads, dans les années 1970 les glam rockers (ou glitter rockers) et les punks, pour ne citer que quelques mouvements ; et il suffisait de se promener dans certains quartiers de Londres au début des années 80 pour nager dans un feu d’artifice de fantaisies variées et très stylisées (skas, new-waves, batcaves, revivals mods, psychobillys, funs, new romantics, revivals punks, etc.). On restait dans la lignée des euphuists, macaronis, dandys et autres fashionables. Un Anglais pourrait remonter cette filiation sur des siècles, comme je l’ai fait pour les petits-maîtres français dans mes livres. Cela est vrai aussi pour d’autres pays.

Si Anglais et Américains ont porté le flambeau dans la seconde partie du XXe siècle, on sombra dans un nihilisme qui ne fit que s’amplifier, le no future punk passant dans la new-wave, le grunge, la techno, le metal et même une jeunesse en burqa écoutant du rap avant de se laisser masquer passivement et très massivement aujourd’hui. Mais la vie n’étant que mouvements, les choses changent et changeront… La question c’est avec ou sans les êtres humains ? Sans doute avec… mais à quel prix ??

Illustration : Regard, porte de la lumière dans l’obscurité. Création personnelle LM.

Voir les commentaires

Les premières cocottes…

Merveilleuses et merveilleux

Les premières cocottes sont des jeunes femmes à la mode dans les années 1860, les mêmes que l’on appelle auparavant des merveilleuses ou encore avant des petites-maîtresses. Elles sont rapidement associées par les esprits les moins perspicaces à de jolies femmes entretenues voire des demi-mondaines.

J’ai déjà écrit sur leur sujet, comme dans cet article. Ici je présente d’autres images d’époque.

Ci-dessus et ci-dessous : « Les cocottes en 1867 ». Cette estampe semble dater de 1867 même. Elle représente des cocottes et cocodès au bois de Boulogne… à la promenade. La mode est aux petits chapeaux plats, pour les femmes comme pour les hommes, et aux crinolines avec la robe remontée à mi-mollet pour les jeunes femmes, quand on ne laisse pas tomber la traîne. Les cols des hommes sont tombants et larges. La mode masculine est aussi aux moustaches et rouflaquettes, cheveux séparés en deux du front à la nuque, pantalons moulants, gilets et veste boudinant, poche gousset au gilet, canne fine et courte dont le pommeau est souvent porté à la bouche… C’est la mode des lunettes ou monocles et de conduire sa voiture, le domestique restant derrière les bras croisés. Les femmes se promènent avec un éventail ou une ombrelle.

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessous : Photographie d’une jeune femme à la mode au temps des cocottes.

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessous : Tête de pipe en terre de la maison Gambier. Le catalogue de cette firme la classe au n°1291, décrivant le sujet comme une « cocotte ». Elle est une production de vers 1870 – 1893.

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessous : « Ce qu’on appelle des cocottes » « par Marcelin ». Illustration du Petit journal pour rire : Journal amusant des modes parisiennes et de la toilette de Paris.

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessous : Carte postale inscrite : « Marseille 7 Juillet 1909 ». On lit au dos : « Je vous envoie celle-ci [cette carte] pour vous faire voir la dernière mode », et sur la face où se trouve l’illustration : « Et voilà deux cocot[t]e[s] qui porte[nt] la dernière mode, c’est un peu exagérée, mais c’est ça ». Le nom de « cocotte » est encore utilisé dans la première moitié du XXe siècle pour désigner des merveilleuses : des jeunes femmes créant, lançant ou suivant les dernières modes parfois extravagantes. Là on est au temps des grands chapeaux, des amples plumes d'oie accrochées à ceux-ci, des robes longues et moulantes dites « entravées », des jupes-pantalons, des robes échancrées...

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessous : Partition « La Marche des Cocottes », de vers 1900. La chanson débute ainsi : « Regardez-la passer La gentille cocotte, Le jupon retroussé, Voyez comme elle trotte, Quand d’un p’tit air fripon, Elle jou’ d’la prunelle… » On note les chapeaux à longue visière qui ressemblent à ceux des merveilleuses du temps des invisibles. Les couleurs ne sont pas tendres mais plutôt pastels.

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessous : « Croquis parisiens » par Stop (pseudonyme de Louis Morel-Retz : 1825 – 1899) : « Voilà une mode que devraient adopter certaines petites dames. » Illustration du Petit journal pour rire.

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessous : « Costumes de bals masqués » par Bertall (pseudonyme de Charles Constant Albert Nicolas d'Arnoux de Limoges Saint-Saëns : 1820 – 1882). Illustrations du Petit journal pour rire. À gauche et en bas : « BAL DE L’OPÉRA. Costume de cocotte bonne maison. »  À droite : « BAL DE L’OPÉRA. Costume de coq-odès. » Le cocodès est un petit-maître de l’époque, compagnon de la cocotte et de la cocodette.

Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessous : Détail d'une illustration de partition  d'époque vers 1885.

Merveilleuses et merveilleux

Voir les commentaires

Aux origines de l’habit moderne masculin

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessus : Homme en carrick, un très long manteau de style redingote à plusieurs collets. Cette gravure date du Premier Empire, et plus précisément de 1812. Ce jeune homme a les cheveux courts coiffés à la Titus… à la manière romaine. Il porte un chapeau bicorne, une cravate blanche nouée en oreilles de lièvre (voir ici), un jabot, deux ou trois gilets comme c'est la mode alors, une culotte sombre, des bas rayés et de petites chaussures à talon bas. Ses gants sont jaunes (voir ici).

J’ai déjà écrit quelques articles sur la formation de l’habit masculin contemporain, comme celui intitulé Aux origines de la cravate, qui offre, je crois, une vision claire et complète de son histoire. Je vais ici évoquer ce qui constitue le costume de base de la tenue masculine aujourd’hui : le manteau, la veste, la chemise, le pantalon, le tricot de corps, la culotte, les chaussettes et les chaussures, éléments que l’on retrouve sur tous les continents même dans des formes traditionnelles.

Le seul élément qui a presque disparu de la mode occidentale, mais encore présent dans des pays comme l’Inde, l’Afrique, l’Extrême-Orient ou l’Amérique du Sud, est le drapé. En Occident, LE MANTEAU en est un héritage, bien que cousu, alors que le manteau ne l’était pas,  comme l’himation grec ou le pallium romain (encore en usage dans l'église catholique) et la toge. La chlamyde était un manteau plus court antique. Le haut Moyen-Âge a conservé ces coupes de vêtements. D’autres genres de manteaux étaient utilisés, déjà très employés chez les Gaulois et avant comme la saie (sayon, sagon en gaulois et sagun en latin). Au bas Moyen-Âge on a commencé à former des manches au manteau par l’intermédiaire de la ceinture. En cherchant à rendre ces manches de plus en plus amples et longues, on a créé des manteaux beaucoup plus cousus, comme la houppelande. Les tuniques de dessus, avec manches, devinrent aussi manteaux. Au bas Moyen-Âge, tuniques et manteaux s’appelaient « robes ». Le terme fut conservé pour la tunique féminine de dessus à l’époque moderne, à partir de la Renaissance. Jusqu’au XVIIIe siècle, on a conservé ces deux styles de manteaux : le simple (drapé) et le cousu. Le premier est resté jusqu’au XXe siècle sous la forme de la cape, et le second est toujours en usage aujourd’hui.

LA VESTE, quant à elle, est dans le prolongement de sortes de justaucorps portés au bas Moyen-Âge et du pourpoint, qui étaient cousus, de même un peu du manteau court. Au XVIIe siècle elle portait le nom de « justaucorps », puis de veste, jaquette, frac, etc. Comme de nos jours, elle pouvait être un vêtement que l’on portait en extérieur sous le manteau en périodes froides, ou comme manteau court et léger quand il faisait plus chaud.

Sous la veste se trouve le plus souvent la chemise, avec parfois au-dessus de cette dernière LE GILET. Celui-ci était très en usage dans l’habit masculin dès le XVIIe siècle, et un élément de l’habit français du XVIIIe siècle presque indispensable. Le mot « gilet » aurait été employé en France à partir du XVIIe. Il viendrait de l’arabe jalikah, désignant une « sorte de camisole sans manches » dérivé du turc yelek. Dans la citation prise ici, on trouve le mot « camisole » qui serait issu de l’occitan camisòla désignant une petite chemise et en usage dès le XVIe siècle dans le nord de la France.

Le mot chemise viendrait du gaulois camisia, mot passant en latin puis dans l’ancien-français. LA CHEMISE a pour ancêtre la première tunique (celle de dessous s’il y en avait une autre au-dessus), et en particulier le chiton qui était une tunique courte (coupée au-dessus des genoux). Elle était directement en contact avec la peau. Il s’agissait donc d’un élément précieux de la panoplie qui devait être conservé très propre. Pour cette raison elle était, il me semble, tout le temps blanche jusqu’à l’apparition des chemises courtes du prêt-à-porter. Et on en changeait très souvent. Si son aspect était à peu près le même pour tous, la finesse du tissu qui la composait faisait la différence, de même que les aménagements faits au niveau du cou, de la poitrine et des poignets, parfois délicatement ouvragés de passements et de dentelles. En souhaitant en ajouter et/ou la rendre d’une apparence davantage amidonnée, on a créé des éléments s’accrochant à la chemise, comme la collerette, la fraise, le faux-col, le jabot, les faux-poignets, etc. La qualité et la blancheur de la chemise se dévoilaient non seulement à ses extrémités, mais aussi à d’autres niveaux, notamment en créant dans le vêtement de dessus ce que l’on appelait « des crevés ». Au XXe siècle, la généralisation du prêt-à-porter lui a fait d’abord progressivement perdre son caractère de vêtement de corps, en mettant sous elle un tricot de corps, et en créant la chemise boutonnée du bas jusqu’en haut et plus courte. Elle prit différentes couleurs, se para de motifs… Aujourd'hui, des chemises du genre tunique se vendent toujours, non seulement dans des boutiques de vêtements anciens, mais on en trouve aussi des neuves chez des marchands orientaux et extrême orientaux notamment. Il s’agit d’un vêtement de base très hygiénique et permettant de nombreux usages et modulations aussi bien masculins que féminins :  linge de corps, chemises de nuit, de costume, de travail, de loisir, etc.

L’origine du pantalon est à la fois récente et très ancienne. Oui c’est possible ! On a commencé à utiliser LE PANTALON en France à la fin du XVIIIe siècle. Auparavant on portait une culotte. On ne le trouvait que  dans la tenue de certaines corporations, comme les nautes (bateliers) parisiens. Les révolutionnaires, venant du peuple ou cherchant à en imiter les manières, étaient appelés des « sans-culottes », car ils ne portaient pas la culotte mais le pantalon et d’autres habits de travailleurs comme la blouse, la carmagnole, les sabots… D’après le site du CNRTL, le terme de « culotte » serait présent dès le début du XVIe siècle, mais surtout courant au XVIIIe siècle, avec parfois encore celui de « chausses » et « haut-de-chausses ». Ce dernier se déclinait et prit d’autres noms plus éphémères selon les modes. Les chausses quant à elles ont une origine antique et sans doute gauloise et celte. Elles étaient très portées au Moyen-Âge. Il s’agissait sans doute d’abord d’une chaussure de tissu montant jusqu’au-dessus des genoux et retenue par des lanières nouées autour des jambes. Au bas Moyen-Âge, lorsque les habits devinrent davantage cousus, elle couvrit les jambes et le bassin. La braie était aussi courante durant le Moyen-Âge. Son origine était aussi antique et gauloise, ou celte en général. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui un « pantalon », et véritablement son ancêtre.

Le bas-de-chausses n’a pas disparu avec la culotte, mais on parlait davantage de « bas ».  LA CHAUSSETTE en est une réminiscence. Il s'agit d'une petite chausse, ou plutôt d'un petit bas-de-chausses ne couvrant plus que le pied et montant plus ou moins haut en dessous du genoux.

LA CHAUSSURE a un nom aussi issu de la chausse. Cette dernière pouvait avoir une semelle cousue. D'après le CNRTL, on appelait déjà chaucëure « tout ce qui sert à envelopper le pied »… comme aujourd'hui.

Le terme de « culotte » est lui aussi resté ; mais LA CULOTTE ne désigne plus actuellement que le linge de corps couvrant le bassin, bien que l’ancienne culotte et son nom sont encore en usage en équitation.

LE MAILLOT DE CORPS serait apparu quant à lui au tout début du XXe siècle, remplaçant progressivement la chemise comme linge de corps.

Et oui, rien ne vient de nulle-part !

Merveilleuses et merveilleux

Voir les commentaires

Faux-culs

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessus : Vénus callipyge (aux belles fesses)

Si durant l’Antiquité on utilise souvent des postiches et perruques pour les coiffures, il me semble que pour les habits on n'ajoute pas d'éléments travestissant la silhouette jusqu’à la fin du haut Moyen-Âge. Ce n’est qu’avec les habits entièrement cousus, que femmes et hommes font ajouter des éléments à leurs vêtements afin de sculpter la forme de leur corps selon l’image à la mode, la coutume, mot d’où provient le terme de « costume ».

Durant les siècles qui suivent le haut Moyen-Âge, les courbes du corps de la femme sont rarement suggérées dans leur réalité, mis à part à la fin du XVIIIe siècle avec les merveilleuses qui copient les statues antiques, puis au XXe, en particulier à partir des Années folles de l’entre-deux-guerres.

Pendant l’époque moderne, c'est dans l'art qu'à partir de la Renaissance, l’Antiquité est le prétexte pour montrer des corps nus. Ce n’est pas du mauvais goût mais de l’art, et certaines femmes n’hésitent pas à se faire peindre ou sculpter en déesse, Vénus par exemple, ou en une autre allégorie afin de montrer la grâce de leurs courbes. Jusqu’au XIXe siècle, en particulier jusqu’aux peintres Impressionnistes, le nu ne se représente donc dans l’art que s’il est allégorique ou antique.

Dans la vie courante, si on dévoile volontiers les seins, on ne le fait pas pour tout ce qui se trouve en dessous… sauf, bien sûr et comme déjà dit, lorsque l’Antiquité revient à la mode.

C’est ainsi que les formes des bassins féminins changent avec les modes. Elles sont une fois fines, une fois avec un postérieur volumineux, une autre fois ce sont les hanches qui le sont, etc.

J’ai écrit plusieurs articles sur le sujet, comme : Bêtises et autres culbutes, gourgandines ou tâtez-y ou Vertugadins, paniers, crinolines et tournures.

Ci-dessous : « La Vénus hottente ». Cette gravure du premier tiers du XIXe siècle représente une Africaine aux fesses particulièrement proéminentes qui, au XIXe siècle, fut un objet de foire en Angleterre puis en France. Cela montre la bêtise de certaines personnes. J’ai toujours été extrêmement sensible à la cruauté. Quand la bêtise ou la cruauté prend des airs de politesse ou de mode cela est vraiment détestable.

Merveilleuses et merveilleux
 
Ci-dessous : « Oh !... Pardon !... Il n'y a pas de mal. ». Centre d'une assiette du XIXe siècle.
 
Merveilleuses et merveilleux

 

Ci-dessous : Diverses sculptures de postérieurs

Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux
 
Ci-dessous : Tahitienne.
 
Merveilleuses et merveilleux
 
Ci-dessous : « Paraître » et « Être ». Centres de deux assiettes historiées du XIXe siècle.
 
Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux
 
Ci-dessous : « Désappointement d'un futur le soir de ses noces ». Centre d'une assiette du XIXe siècle, de la série « La Crinoline ». Voir la série et les assiettes suivantes ici.
 
Merveilleuses et merveilleux
 
Ci-dessous : « La tournure de Lisette ». « Chansonnette comique » du dernier tiers du XIXe siècle.
 
Merveilleuses et merveilleux

 

Merveilleuses et merveilleux

Voir les commentaires

Catalogue de Goethe de gravures d’époque représentant des merveilleuses et des incroyables

En 1797, Johann Wolfgang von Goethe (1749 – 1832) a répertorié cinquante-sept gravures satiriques sur le sujet des merveilleuses et des incroyables. L’universitaire Klaus H. Kiefer a entrepris de retrouver ces estampes, ce qui a donné un petit livre (photographies), datant de 1988, où toutes sont présentées et la plupart avec une image. Elles datent toutes d’une période comprise entre 1794 et 1797 inclus. Cette recension de Goethe n’est bien sûr pas exhaustive. On observe que la production est parisienne, et que les artistes ayant réalisé ces œuvres sont nombreux, certains connus, d’autres non, et des anonymes.

Dans cette liste, le dessinateur le plus représenté est Louis-Léopold Boilly (1761 – 1845, voir sur cet artiste cette exposition), qui a surtout collaboré avec Salvatore Tresca (1750 – 1815) qui était non seulement graveur mais semble-t-il aussi éditeur et marchand d’estampes, ce qui était le cas d’autres graveurs et dessinateurs de ce genre, comme Jean Baptiste François Bosio (1764 –1827). Carle Vernet (1758 – 1836) vient ensuite, gravé par Louis Darcis (? – 1801), puis Pierre-Thomas Le Clerc (1740 – 1791) avec Pierre-Thomas Auvray (1740-1796) comme graveur…

Louis-Léopold Boilly, Carle Vernet et Pierre-Thomas Le Clerc sont donc les principaux dessinateurs de merveilleuses et d’incroyables de cette liste, et Louis Darcis, Salvatore Tresca, Pierre-Laurent Auvray, les graveurs les plus prolifiques. À l’époque, on se procurait ces estampes chez les « marchands de nouveautés ».

D’autres artistes graveurs et/ou dessinateurs, de la fin du XVIIIe siècle et officiant à Paris, ont pris comme sujet les merveilleuses et les incroyables, comme Philibert-Louis Debucourt (1755 – 1832), Claude-Louis Desrais (1746 – 1816), Nicolas Dupin le Jeune (1753 – ?), A. B. Duhamel (1736 – après 1800), Pierre-François Courtois (1736 – 1763), le baron Pierre Narcisse Guérin (1774 – 1833), Pierre Adrien Le Beau (1748 – 1773), Jean-Michel Moreau le Jeune (1741 – 1814), Augustin De Saint-Aubin (1736 – 1807), Étienne Claude Voysard (1746 – ?), etc.

Dès 1797, le Journal des Dames et des Modes a fait travailler de nombreux de ces artistes. Cependant, la plupart des estampes n’étant pas signées, il est difficile de savoir pour lesquelles.

Ce qui est sûr, c’est que les documents iconographiques d’époque sur ce sujet ne manquent pas, sans compter les peintures et les portraits miniatures ou pas, dont beaucoup représentent des incroyables ou des merveilleuses. J’en vois passer régulièrement en vente, notamment des portraits miniatures de 1795 – 1800 avec un incroyable ou une merveilleuse.

Par la suite, ce thème n’a pas cessé d’être représenté, en commençant par la série Le Bon Genre comprenant 104 planches publiées de 1801 à 1817, complétée entre 1818 et 1822 de 11 planches, d'où trois éditions de l'album complet datant de 1817 (L.-G. Michaud, imprimeur), 1822 (Crapelet, imprimeur) et 1827 (Vassal et Essling imprimeurs), cette dernière étant une réimpression de celle de 1822 avec des variantes (cf. : Le Bon Genre. : Réimpression du Recueil de 1827… avec une préface de Léon Moussinac, Paris : éditions Albert Lévy, 1931), tout cela sous la direction et avec des notices de Pierre de La Mésangère (1761 – 1831). Léon Moussinac cite plusieurs artistes collaborant à la réalisation de cette série, dont A. Dutailly, Lanté, Aug. Garneray, Pasquier, Carle Vernet (voir précédemment), Dominique Bosio (voir précédemment), J.-B. Isabey, Harriet, Garbizza… « L’attribution n’est pas toujours certaine, le plus grand nombre des planches n’étant pas signé ». Ces gravures étant éditées au fur-et-à-mesure à l'unité avant d'être rassemblées en recueil, elles peignent la mode du jour de jeunes gens à la mode que l'on appelait toujours des merveilleux et des merveilleuses.

Pierre de La Mésangère est à l'origine d'une autre série de gravures intitulée Incroyables et Merveilleuses, publiée par Le Journal des Dames et des Modes de 1810 à 1818, dessinées par Horace Vernet (1789 – 1863) et Louis-Marie Lanté (1789 – 1871), et gravées par Georges-Jacques Gatine (1773 – 1841-7)… Chaque estampe représente une seule personne à la mode des années 1810. Il ne s'agit donc pas à proprement parler d'incroyables et de merveilleuses du Directoire, mais comme déjà dit, ces désignations sont encore utilisées au début du XIXe pour des personnes à la mode, en particulier celle de « merveilleux ». D'autres séries d'estampes sont publiées dans la même veine.

A partir de 1830 et les débuts de la mode romantique en France, on emploie moins le terme de « merveilleux », mais on représente les merveilleuses et les incroyables du Directoire qui deviennent un sujet très apprécié jusqu’aux années folles incluses, le premier tiers du XXe siècle trouvant une inspiration dans la mode libre, voire libertaire de la fin du XVIIIe. Voir cet article, cet autre, celui-ci, celui-là, etc.

M. Klaus H. Kiefer a complété ce travail en 2012 : Voir ici.

Voir les commentaires

Danser entièrement

Bouger, danser, s'embrasser, naître, faire l’amour, mourir… Tout est rythmes ! Jetons les masques. Ayons du style… même si nous ne dansons qu’intérieurement, dansons complètement… N’ayons pas peur. Ce que j’apprécie dans la vidéo ci-dessous c’est que Sam et Dave dansent avec tout leur corps. On n’est pas dans la demi-mesure mais dans la mesure complète, ce qui passe aussi par une communion avec l’entourage.

Bien sûr, quand je dis « bouger », je ne veux pas dire de le faire n’importe comment. Autour de moi, quand je vois tous ces gens qui ont un pied ici et un pied à des milliers de kilomètres, qui courent partout, prennent leur voiture, l’avion, s'attachent à leur téléphone portable comme à une bouée de sauvetage en plomb… et se comportent de manières tellement éloignées de ce que je qualifie de bon sens, cela m’afflige. Parfois même je me demande si je suis de la même planète que ceux que je croise, en particulier quand je constate comment leur esprit se met en mouvement, par exemple lorsque j’écoute certains politiques (de plus en plus nombreux car monopolisant les instances de pouvoir), sans le faire vraiment exprès, car j’évite de me polluer les oreilles. Lors de la crise orchestrée autour du covid, qui se poursuit toujours lorsque j’écris ces lignes, j’entends tellement de choses qui me semblent aberrantes et je vois tellement de gens qui m’apparaissent comme des voyous et des incompétents gouverner sans se cacher, que cela en est franchement troublant. Par exemple chaque jour ils gratifient les Français d'au moins un scandale, sans compter la multitude d'incompétences, de lâchetés et d'ignominies, sans pour autant que de catastrophes arrivent. C'est comme si nous étions dans un bateau dans lequel presque tout l'équipage est ivre et fou sans pour autant que celui-ci n'ait d'accidents.

Ci-dessous : Partition datée de 1946, de la chanson intitulée Swing mou. Les guerres de la France contre l'Allemagne de 1870 – 1871, de 1914 – 1918 et de 1939 – 1945 ont appauvri ces pays et toute l'Europe, et mis sur le devant de la scène internationale les États-Unis. C'est en particulier durant l'entre-deux-guerres que sont devenus à la mode et qu’apparurent en France les swings, des jeunes gens modernes aimant le jazz et très influencés par le nord de l'Amérique. Ils devinrent zazous, puis le swing se changea en be-bop, twist, rock, funk, disco, électro... La plupart de ces mouvements sont nés dans l'Amérique noire. Seule l'Angleterre a donné de son côté d'autres mouvements d'une importance similaire dans la seconde moitié du XXe siècle.

Merveilleuses et merveilleux

Ci-dessous : Partition de la chanson intitulée Il est rythmé de Johnny Hess (1915 - 1983). Ce dernier a commencé sa carrière en duo avec Charles Trenet (1913 - 2001) à partir de 1931 jusqu'en 1937. C'est un des principaux représentants du mouvement zazou. il chante notamment Je suis swing (1938) et Ils sont zazous (1942). Voir par exemple cet article de ce blog.

Merveilleuses et merveilleux

Voir les commentaires

Le Papillon meurtri

The Broken Butterfly est un film américain de 1919 du réalisateur français Maurice Tourneur (1876 – 1961), dont voici les images d’un passage que je trouve joli.

Dans le cinéma muet on travaillait beaucoup l'image. Certains de ses directeurs de la photographie ont continué avec le cinéma parlant, transmettant leur soigneuse esthétique à d'autres professionnels ainsi qu'aux amateurs qui choisissent parfois un film pour sa photographie. Ci-dessous d'autres images du film.

Le personnage principal de ce film a des tenues caractéristiques des années 1910. On constate notamment que ses costumes (veste et pantalon) sont le plus souvent coupés dans le même tissu, ce qui n'est pas le cas au XIXe, mode apparaissant en Angleterre dans la seconde partie de ce siècle, comme pour le smoking (ou tuxedo) dont la veste et le pantalon sont aussi assortis.

Voir les commentaires

Le bâton, la canne, la baguette et la badine.

Merveilleuses et merveilleux

« De tout temps, j’ay apprins de charger ma main, et à cheval et à pied, d’une baguette ou d’un baston, jusques à y chercher de l’elegance et de m’en sejourner, d’une contenance affettée. » écrit Michel de Montaigne (1533 – 1592).

Merveilleuses et merveilleux

Un des premiers articles de mon blog était sur le sujet de ce titre (voir ici).  Le bâton, la canne, la baguette et la badine sont les principaux bâtons de l’accessorie (comme on dit au Moyen-Âge) de l’élégance. Pour l’élégant, le bâton (et ses dérivés) est comme un mât de navire dans la tempête, une machette dans la jungle, un flambeau dans l’obscurité, l’irréductible marqueur du rythme de la démarche et de la pensée : des rythmes du corps et de l’âme dans l’espace. Il est la colonne vertébrale de la main et de l’âme à travers elle. Il est stabilité, un compagnon qui soutient si nécessaire, illumine la marche et le maintien, dessine l’espace. Au théâtre, il annonce la pièce ; en danse il rythme les pas. C’est un ‘cadenceur’ de pas, un créateur de réalité qu’il respire dans la pure élégance. Il ‘fige’ le mouvement (comme le fait la photographie ou même le cinéma…), le prend dans son lasso, comme le fait la baguette magique, et joue avec les apparences. Il fait le lien entre la terre et le ciel et vice et versa, entre l’Un et le Tout. Il est le foudre ; il est la foudre. Il est le bâton de vieillesse. Il guide l'aveugle. Il est l’expression du sans vie dans le mouvement, du mouvement dans le sans vie et du sans mouvement dans la vie. Du Un il fait le Deux, s’étirant vers les contraires. Il donne du sens à ceux qui en ont besoin, de quoi s’agripper dans l’immensité. Il est un réconfort qui rend stable, une partenaire de danse. Il donne de la contenance. Il est la colonne vertébrale de l’élégant. Ce dernier ne peut offrir davantage…

Merveilleuses et merveilleux

 
Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux
Merveilleuses et merveilleux

Évidemment on ajoute le parapluie comme accessoire de l’élégance.

Merveilleuses et merveilleux

Voir les commentaires

La nature en juillet en Île-de-France

Dans mon dernier livre auto-édité, sorti en mai 2022, je présente la nature en Île-de-France en suivant les mois. Cliquez sur les images ci-dessous pour lire ce qui y est écrit pour le mois de juillet. Il s’agit de captures d’écran, d’où le flou qui ne facilite malheureusement pas la lecture. Mais je vous encourage à acheter cet ouvrage, assez volumineux (631 pages, format 15,8 x 24 cm)), qui contient aussi des gravures pastorales du XVIIIe siècle et bien d’autres choses…

Il est non seulement un bel objet, mais il se goûte, permet de goûter la nature, de s'ouvrir à l'espace dans lequel nous évoluons et acquérir davantage d'autonomie. Il nous 'libère' de carcans que la société actuelle nous impose, par exemple aux niveaux médical et alimentaire, en montrant qu'il existe des moyens gratuits et très sains de se soigner et de se nourrir, tout en prônant une vie en commun plus harmonieuse et saine, une société plus éveillée.

Cette lecture intéresse non seulement ceux qui habitent en Île-de-France, mais aussi les autres, car donnant des clés pour s'ouvrir au milieu ambiant auquel nous appartenons et à une culture qui accompagne l'être humain depuis des temps immémoriaux. La démarche s'inscrit dans un processus de 'décroissance', mot que l'on critique beaucoup mais qui signifie avant tout une alternative plus douce, humaine, belle, naturelle, ouverte à l'instant présent et à la terre que l'on foule et tout ce qui en naît... une 'manière', une 'façon', un 'mode' qui essaie de ne pas nuire... une simplicité naturelle d'ouverture de nos sens, du sentiment, qui prouve que l'on peut vraiment très bien vivre d'amour et d'eau fraîche.

Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt
Ecologie du Sentimentt

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 > >>
Merveilleuses & merveilleux